Profil artistique
Dans la partie « Biographie » de mon site art, vous trouverez mon cheminement de l’enfance à ce jour.
Je parle de mon rapport à l’art depuis mon enfance, les zig-zags de ma vie qui sont des rives où j’ai posé mes ateliers. Les rencontres qui ont conforté mon engagement. Les failles et les rebonds qui font que je suis là, aujourd’hui, à vous présenter cette production qui fait partie d’un projet ambitieux de productions artistiques.
Cette exposition " Écouter des yeux " est celle dont j’ai toujours rêvé depuis l’enfance.
L'atelier à Lyon - France
« Le dessein d’une renaissance »
En 2007, j’ai effectué un changement radical dans ma vie personnelle et professionnelle. Je suis allée installer mon atelier à Lisbonne où j’ai commencé à travailler à partir de l‘œuvre de Fernando Pessoa, auteur portugais incontournable que j’avais découvert lors de ma période étudiante aux beaux-arts, et, que le monde entier, aussi, découvrait à cette période.
Cela fait écho à mon histoire personnelle et aussi à l’actualité du monde. Je suis luso descendante. Ses écrits m’accompagnent depuis et ont mûris mes réflexions, mes questionnements intérieurs et créatifs.
Aussi travailler sur l’œuvre de Fernando Pessoa est devenu un défi de sens, de techniques, de choix, d’expérimentations pour me réapproprier tout un éventail de techniques, de médiums que j’ai toujours voulu utiliser pour moi-même. J’avais préféré ouvrir des possibilités d’expérimentations à mes étudiants et transmettre toute mon énergie et ma passion.
Depuis 2007 ma production artistique n’a pas pu être réalisée comme je le souhaitais pour des raisons extérieures qui m’ont empêché de créer. Une mauvaise chute, des opérations en série puis des complications. J’ai réappris à marcher, à me concentrer et retrouver ma mémoire. Ce fût une fastidieuse et angoissante période de réappropriation des gestes, des connaissances.
Funambule devant ma toile, ma volonté et ma détermination artistique ont eu raison de la santé. Aujourd'hui j'ai retrouvé toutes mes facultés physiques et de concentration. Je me suis retrouvée dans ma création artistique.
Ce projet Pessoa est « Le dessein d’une renaissance ».
Démarche artistique
Je maitrise toutes les techniques et tous les styles.
Pour les avoir enseignées mais aussi pour les avoir proposées dans une même exposition. J’y voyais un problème alors que le public y voyait une manière de me singulariser des autres artistes.
Cela je veux le refaire pour « Ecoutez des Yeux ou l’autre hétéronyme », une exposition multi-mediums à travers une sélection d’une cinquantaine de textes de cet écrivain portugais …
Ma démarche artistique est surtout basée sur le sens du propos, le sens de l'histoire, du message à dire. Je ne veux pas que ce qui est produit, que le résultat du travail, ce qui est finalisé soit narratif au sens illustration. Je veux laisser le spectateur prendre pour lui ce qui est montré, c'est-à-dire que l’artiste soit dépossédé, à ce moment-là, de son travail. Il donne à voir une idée, un sujet, un avis, un ressenti, une proposition pour que cela fasse écho aux spectateurs. Après ce qu’en font les gens leur est propre. C’est à Eux. L’artiste est un passeur.
Ce qui m'intéresse c'est la distance qu'il y a, en fait, la distance qui se créé entre le support, la matière de l’œuvre produite, qu'elle soit plane sur un mur ou qu'elle soit dans l'espace avec un volume. Là, le regard de l’autre se pose sur un support, le support renvoie une image, une émotion se créée donc c'est ça qui m'intéresse. Ce monde flottant entre l’œuvre et le spectateur.
Après je fais le choix de la technique.
Avec les techniques je n'ai pas de limite en fait. Je les ai tellement toutes expérimentées dans ma vie, que ce soit du dessin, de la gravure, du volume, de l'impression. Et avec toutes les possibilités multiples qu'on peut jouer d’exigence, de rigueur, de discipline et même de folie !
Je calcule beaucoup la couleur, justement pour jouer sur tous les contrastes colorés mais, aussi pour que la couleur aille dans le sens du propos. C’est à dire qu'elles fassent reculer ou avancer un objet, un personnage. Pour laisser la priorité à un autre élément de la composition. Que cet élément soit mis en avant pour les priorités dans la lecture. La couleur contribue du sens. Elle n’est pas pour faire jolie.
Je choisis une couleur dominante quand je débute un sujet, elle est une fonction du sujet. Pour moi le sens de ce que propose est la priorité.
Proposer une œuvre plastique visuelle est de l'écriture au même titre qu'un texte. C’est sans doute aussi pour cela que je suis énormément sensible à tout ce qui est écrit, à la poésie, au texte et c'est là souvent que je puise mon inspiration pour peindre.
J'écris beaucoup ; j'ai des cahiers entiers qui sont remplis, des notes, des croquis ; je peux coller des petites images que je récupère, je photographie. J'utilise tout ce qui est autour de moi pour l'immédiat de ma recherche ou pour plus tard, des idées qui cheminent en moi. Quand j'ai une idée, cela peut être dans le métro ou cela peut être en faisant la cuisine, ça peut être quand je lis, quand je rencontre quelqu'un. Il y a un fil invisible mais palpable qui me relie de l’intérieur au monde extérieur qui me nourrit. Je me sers des gens dans la rue, tout me sert à mon projet. Je suis habitée par lui.
Alors en travaillant "L’œuvre de Fernando Pessoa" fait énormément écho à ce que je ressens, à ce qu’a été ma vie ces dernières années ou même à mon introspection.
L'image qu'il voit et puis le ressenti.
Les mots de Pessoa sont un film qui se déroule devant nos yeux et on voit carrément des images. On voit carrément la ville de Lisbonne, les gens, un monde qui coulent comme des séquences tout en ayant une voix off qui parle de ressenti. Il peut y avoir un décalage entre l'image qu'il voit et puis le ressenti, parce que nous, quand on voit quelque chose on ressent autre chose. Donc pour moi c'est autour de tout ce rapport entre l'intérieur l’extérieur qui m'intéresse. Je ne veux pas illustrer.
Toute mon intention est de livrer une image qui m’est propre avec une émotion. C'est difficile quelquefois parce qu'il y a un côté pudique. Je livre ce que je ressens par rapport à ce que j'ai ressenti du texte ou des images que Pessoa décrit, tous les petits flashs qui me sont passés par la tête. J'essaye de garder le fil et j’en construis une, un dessin – peinture, comme celle que je propose au Luxembourg Art Prize. Il y aura des volumes, il y aura des sculptures, il y aura des choses créées parce que j'ai plein d'idées et cela sera un ensemble d'éléments. Parce que c'est difficile de traduire Pessoa en qu'un seul médium.
En fait je veux que le spectateur qui voit mon travail, continue, dans sa tête et dans son cœur, le cheminement que j'ai pris en cours de route sur le cheminement de Pessoa, avec ses propres mots, ses propres ressentis, ses propres réflexions.
Fernando Pessoa a écrit tous les textes au début du 20ème siècle. Une riche production, très contemporaine pour lui mais quand on regarde de près, tous ces écrits peuvent s'approprier à tout individu d’aujourd'hui et à toute l'actualité d'aujourd'hui. On peut réutiliser et se réapproprier en 2019.
C'est en ce sens que je souhaite proposer ce Sonnet VIII autour des masques.
BRIGITTE MORILLON
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